mardi 20 juillet 2010

''Si ma grand-mère avait des roues, elle serait un tramway''


On a tous déjà connu ça. Un matin où on se réveille, et, sans même que l'on ai eu le temps d'y penser, la boule au ventre est déjà là. C'était un de ces matins.

Moi, ma vie, et mon visa.

11h37. Réveil difficile. Je sors de mon lit en maugréant. Me traîne jusqu'à l'ordinateur. Ouvre ma boite de réception. Et là, sans surbrillance aucune, elle me nargue. ''Vous n'avez aucun nouveau message. Retournez mourir dans le Vercors, ou autre endroit pareillement touristique''. Je m'écroule. Bord*l. Pas le moindre signe de vie du Consulat chilien. Qu'est-ce qu'ils foutent ? Mais qu'est-ce qu'ils peuvent bien foutre ? La date butoir de mon départ se rapproche, m'arrive dessus en courant. Je n'ai toujours pas mon visa. Ni de nouvelles de lui. Même pas un p'tit coucou.

11h50. Je comate devant ma boite de céréales (qui contient des vitamines C et D, ''nécessaires pour bien commencer la journée !''). La valse des ''et si'' commence. Et si je n'avais pas mon visa ? Et si les administrateurs chiliens m'avaient oublié ? Et si je devais partir sans, entrer sur le territoire chilien comme un allemand de l'Est en RFA après la construction du Mur ? Et si on me refusait tout simplement l'accès au territoire chilien ? Et si, par ce simple empêchement, je ne pouvais partir à l'étranger ?
Le scénario, un brin catastrophe, s'enchaîne facilement. Je suis viré de Sciences-Po, je me reconvertis dans le marché noir de chaussettes, importées depuis les bas-fonds de l'Asie centrale; après quelques années derrière les barreaux (pour trafic illégal de sous-vêtements), je commence à boire, à fumer du hachich, à m'enfiler des doses de coke, puis d'héro, avant de sombrer dans une caravane miteuse dans le Var, seul, le fisc à mes trousses, la mafia russe aussi ; je suis découvert inerte 21 jours après ma mort, une flasque de whisky dans une main, une seringue infectée par le Sida dans l'autre, la tête à moitié dévorée par mon teckel.

13h45. La pression monte. La boite de réception reste inlassablement vide.
Heureusement, me restait l'unique proverbe auquel m'attacher: ''si ma grand-mère avait des roues, elle serait un tramway''.

14h15. Délivrance (pas le film, cette grosse daube cinématographique, hein) !!! Le mail est arrivé. Je peux aller sur la capitale lumière retirer ce satané passeport.

Le 20 juillet aurait pu être mon 14 juillet à moi. La victoire sur l'oppression (ou plutôt la pression), l'achat d'un appareil-photo numérique, la félicité pour tous les jours à venir.

17h30. Un deuxième mail vient d'arriver. Apparemment, je suis convoqué à Paris à deux moments différents. Demain, ou après-demain. Et je fais quoi, moi, de ces infos contradictoires, bordel ? Je me tape la tête contre le mur.

Et si j'y allais demain ? Ou alors après-demain ? Et si mon train explosait ? Ou bien s'il y avait un attentat au Consulat chilien ?...
Damn it. Ça recommence.

Tudy B.

1 commentaire:

  1. Délivrance: une daube cinématographique ????? Je te HAIS Tudy Bernier !!

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