mardi 17 août 2010

''Coréens du Nord, Coréens du Sud ! Arrêtez de vous battre, vous êtes tous chinois !''


¡ Chicos y chicas ! Día memorable, día histórico. Después de siete años de trabajo, de compromiso, de sudor y de lagrimas, estoy finalmente en una situación donde puedo hacer un examen escrito en español... ¡ de filosofía política, puta madre ! Sin embargo, no es una razón para sentirse demasiado en confianza... No obstante, no sé si una redacción en castellano esta necesaria para mis lectores. De hecho, este blog va a quedar en francés para varias otras semanas. Y quizás, según los consejos de mi hermano, para todo el año.

Ci-dessus: Squat et/ou maison effondrée, délabrée, délaissée, en haut de ma rue.

Avant toute chose, je tiens à rendre hommage à la prose parfaite, quoique parfois fautive d'un orthographe approximatif (comment ça, moi aussi ?), mais surtout dotée d'un lyrisme et d'une force narrative hors du commun, de sieur Benjamin Chevalier. J'invite mes lecteurs attentifs et en maisons de retraite à aller le visiter sans tarder. L'adresse à ne pas oublier: http://vivir-en-los-andes.blogspot.com/. En plus, il met tout plein de photos.

Ah, une dernière chose. Le titre est uniquement là pour la provocation (oui, je sais, maman, tu trouves pas ça marrant, mais moi, si). Je m'inspire des techniques marketing de Marianne, soyez indulgents.


Trois semaines, jour pour jour, seconde pour seconde (ou presque) que je foule au pied ce territoire nouveau. J'ai l'impression que je viens de vivre plus d'une année en quelques jours. No offense to France. Depuis ma chambre, toute de blanc vêtue, où aucun poster ne vient gâcher sa splendeur immaculée, j'essaie de réfléchir. Mon emploi du temps est désormais fixé, les travaux écrits, oraux, s'accumulent dans mon agenda, les cours avancent. J'ai encore du mal à croire qu'une fois encore, je me retrouve emporté par la vague de la vie étudiante. Les lectures succèdent aux soirées ''asado'', sur les balcons, les terrasses. Les analyses conceptuelles s'entrechoquent avec les retrouvailles dans les nombreux bars de la ville. Les rencontres sont toujours agréables, certains Français rehaussant même mon estime pour cette espèce en voie de prolifération en Amérique Latine. Et parfois, non.


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Petite anecdote inutile au passage (destinée seulement à mes lecteurs sciences-potistes). Soirée chez un pote samedi. Un groupe de Français(es) arrivent dans l'appart', tout sourire. Conversation avec une nana.

- Ah, tu es de Sciences Po Paris ?

- Non. Je suis de Sciences Po tout court.

Bim ! Dans les dents. J'avais pourtant du mal à croire que ce genre de comportements suffisants et parisianiens (no offense, guys) puissent s'exporter jusqu'aux provinces pacifiques du Chili. … Sans commentaire. Je retourne à mes internationaux.

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Ces premières semaines sont étranges: je me lie d'amitié ou d'intérêt avec certains le temps d'une soirée, sans plus les revoir. Au contraire, je recroise des personnes peu appréciées la veille, se révélant alors bien supérieure à l'impression première que j'avais pu avoir. Les premières semaines sont étranges. Chacun expose ses projets: certains rêvent de voyager, d'autres de faire la fête, d'autres encore semblent encore dubitatifs quant aux raisons de leur présence dans un tel voyage. Ça parle fric, cirque, théâtre, cinéma, musique, ou d'indépendance du Pays basque. Valse des étudiants internationaux. Les plus fermés (Américains et Français, si vous m'entendez...) s'exilent à Viña del Mar (''parce que c'est plus sûr et plus propre !''), les plus aventureux se retrouvent aux alentours de 6h30 du matin dans des discothèques clandestines de la ville pour faire un after avec ''la crème de la crème'' de Valparaiso. Les litres de bières coulent à flot, les tentatives de me faire boire du Piscot aussi. Les Basques m'enchantent, les Chiliens m'amusent énormément, les Américains se font repérer à 125km à la ronde, les Français restent fidèles à eux-mêmes, l'Allemand me parle en spanglish, les Espagnoles se moquent de mes tics de langue nombreux... Marrant donc, comme cet univers est à part.


Je me suis rendu compte que je vis en réalité dans un endroit peu commun. Mon propriétaire, face auquel j'avais d'ailleurs stressé un moment, parce que je ne pouvais pas payer mon mois supplémentaire, faute de possibilités suffisantes de retrait(e), est, non comme je l'imaginais, peintre à son propre compte, mais bien marionnettiste: il fabrique ses marionnettes, et les utilise parfois, je dis bien parfois, dans un spectacle à droite, dans un bar à gauche. Non content d'être artiste, il cumule, puisqu'il est également anarchiste (j'avais envie de lui dire: LA PROPRIÉTÉ, C'EST LE VOL, alors, arrête de me faire payer...), et convaincu avec ça (ce qui promet des discussions assez fantastiques), tout en ayant à peine la trentaine. Je dis ça, parce que je pense à mon proprio de l'année dernière, avocat, coincé, lunettes sur la tronche, et la soixantaine pointant le bout de son année. A l'inverse, mon proprio actuel est un ami. Et c'est tant mieux.


Tout se fait ici à l'arrache, depuis l'eau chaude instantanée, et donc capricieuse, jusqu'aux étendards à linge aux fenêtres. Depuis les chiens qui squattent de long en large notre rue jusqu'aux cadenas pourris qui nous sont donnés pour fermer nos chambres. Depuis les boites aux lettres invisibles (je n'en ai personnellement pas) jusqu'aux fonctionnaires chiliens qui ne travaillent que le matin. Depuis les vendeurs de sandwichs qui se baladent avec une glacière toute la journée jusqu'au type qui nous invite à une soirée danse (dixit) en faveur de l'autogestion. Depuis les concerts qui se font juste en dessous de ma piaule, dans la galerie d'art qui prend lieu et place sous mon plancher, jusqu'aux affiches révolutionnaires de la faculté. Depuis les soirées à 53 dans un 30m² jusqu'aux toilettes de certains bars dignes d'une scène mémorable de Trainspotting (et je ne plaisante pas). Depuis l'obligation pour les élèves d'acheter eux-mêmes leurs photocopies des textes à lire jusqu'à la manière d'organiser un contrôle (je n'avais, pour ma part, j'avais vu un élève interrompre une interro pour annoncer une assemblée étudiante... surtout quand cet élève fait partie de la classe en question en train de plancher sur Léo Strauss...). Depuis les concerts dans les bars enfumés (oui, fumer dans les lieux publics n'est pas encore interdit au Chili) jusqu'aux professeurs exilés pendant la dictature de Pinochet... A titre d'information, le prénom de mon prof de philosophie est Lénine.

Le fossé est énorme, vivifiant... joyeux, à l'arrache. Je crois que c'est vraiment ce qui caractérise le mieux ce que je vis depuis le départ: l'arrache dans la joie.


Quand je vois cette beauté-là. Quand je vois cette vie, certes formatée par l'influence occidentale, mais encore libre, en tout cas dans une certaine mesure, de ses propres logiques, de ses propres erreurs, de son être propre. Quand je vois ces différences, parfois légères, parfois nettes... J'ai envie de rire... de rire aux larmes. D'aimer ce puta madre de pays.


Ce soir, je me sens chilien, espagnol, basque, européen, sud-américain. Ce soir, je me sens latin.


Tudy

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